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Haïti a besoin de secours d’urgence, pas d’une intervention militaire!

Posted by basedepaixmontreal sur 27 janvier 2010

—Photo prise lors de la manifestation

La « lettre ouverte » ci-dessous a été initiée par le Réseau de solidarité Canada Haïti (CHAN) qui demande aux personnes et organisations d’ajouter leur nom à la déclaration. http://www.thepetitionsite.com/1/relief-not-militarization-for-haiti

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Nous, signataires de cette lettre, sommes outrés devant les délais scandaleux de distribution d’aide essentielle aux victimes du séisme en Haïti. Depuis que la US Air Force s’est emparée de façon unilatérale du contrôle de l’aéroport Toussaint Louverture de Port-au-Prince, elle a placé en priorité les vols militaires plutôt que les vols humanitaires. Cette décision étasunienne de favoriser une accumulation de soldats étrangers sur place plutôt que la distribution d’approvisionnement d’urgence a entraîné des morts sous les décombres à Port-au-Prince ainsi qu’à Léogâne et dans d’autres villes abandonnées, une situation qui est tenue sous silence. Si l’aide continue à être retenue, un grand nombre de morts pourtant évitables se produiront dans les jours et les semaines à venir. Nous réclamons que les dirigeants de l’armée américaine restituent immédiatement aux dirigeants d’Haïti le contrôle effectif des démarches d’assistance et apportent une aide au lieu de se substituer aux officiels locaux qu’ils prétendent appuyer.

Nous avons constaté que la préoccupation obsessive des étrangers pour « la sécurité » et « le pillage » est largement démentie par de réels gestes de patience et de solidarité visibles dans les rues de Port-au-Prince. La démarche visant à éviter ce que les commandants de l’armée américaine appellent « une nouvelle Somalie » en plaçant en priorité la sécurité et le contrôle militaire ne peut probablement réussir qu’à provoquer les troubles qu’ils condamnent.

En maintenant le schéma bien établi, les dirigeants des É.-U. et de l’ONU continuent de traiter le peuple haïtien et ses représentants avec une peur et une suspicion complètement déplacées.

Nous demandons aux dirigeants de facto d’Haïti de faciliter, alors que la reconstruction débute, la relance de la participation populaire à la détermination de priorités et de décisions collectives. Nous exigeons qu’ils fassent tout ce qui est possible pour renforcer la capacité du peuple haïtien à réagir à cette crise. Nous leur demandons, en conséquence, de permettre au leader haïtien le plus populaire et le plus inspirant, Jean-Bertrand Aristide (dont le parti avait remporté 90 % des sièges parlementaires lors de la dernière série d’élections démocratiques) de rompre immédiatement l’exil inconstitutionnel auquel il a été confiné depuis que les États-Unis, le Canada et la France l’ont obligé à démissionner en 2004.

Si la reconstruction se déroule sous la supervision de troupes étrangères et d’agences de développement international, elle a peu de chances de servir les intérêts de la vaste majorité de la population haïtienne. En effet, les formes de type néolibéral d’« aide » internationale ont déjà contribué directement à appauvrir systématiquement le peuple haïtien et à saper son gouvernement ; de plus, en 1991 et en 2004, les États-Unis sont intervenus pour renverser le gouvernement élu et attaquer ses sympathisants, ce qui a eu des conséquences dévastatrices.

C’est pourquoi nous appelons d’urgence tous les pays prépondérants de la communauté internationale à respecter la souveraineté d’Haïti et à mettre en oeuvre une réorientation immédiate de l’aide internationale, loin des ajustements néolibéraux, de l’exploitation de sweatshops et de la charité non gouvernementale, et à opter pour un investissement systématique auprès du peuple et du gouvernement haïtiens.

Nous demandons que les alliés et sympathisants d’Haïti – Cuba, l’Afrique du Sud, le Venezuela, les Bahamas et les autres membres de CARICOM – jouent un rôle international beaucoup plus important. Nous demandons que la totalité de l’aide affectée à la reconstruction le soit sous forme de subventions et non de prêts.

Nous demandons que la balance de la dette étrangère d’Haïti soit annulée immédiatement, et que l’argent que certains pays étrangers doivent toujours à Haïti – notamment les sommes énormes extorquées par les gouvernements français entre 1825 et 1947 à titre de compensation pour la perte d’esclaves et de propriétés qu’avait encourue la France lorsque Haïti avait gagné son indépendance – lui soit payé sur-le-champ et en totalité.

Par-dessus tout, nous demandons que la reconstruction d’Haïti soit accomplie suivant les principes directeurs d’un objectif plus large, à savoir le renforcement des pouvoirs politique et économique du peuple haïtien.

Réseau de solidarité Canada Haïti (CHAN), le 21 janvier 2010

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